Paroles de la chanson Entre Six Murs par Bernard Joyet

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Paroles de la chanson Entre Six Murs par Bernard Joyet

Le nord a perdu ma boussole
L’aiguille mollusque s’affole
Mon ciel tourbillonne et flageole
Dans l’improbable gravité
Fond ou plafond ou murs se touchent
Ils fondent sur moi je m’y couche
Avec l’ivresse d’une mouche
En mal de verticalité
Les jours sont des nuits qui reculent
La lune esquisse une virgule
Sur une page funambule
D’un cahier à petits barreaux
Entre six murs et la paillasse
Demain se joue à face ou face
Ce n’est pas vrai que le temps passe
Quand l’horloge triche au carreau

Entre six murs gris qui basculent
Qui m’étouffent qui me bousculent
Je me consume je me brûle
Mes ongles déchirent mes mains
Une fille se déshabille
Ses yeux ses seins lancent des billes
Sur le graffiti qui vacille
Perdu comme un cri de gamin
Gamin je n’étais pas bien sage
J’avais le mal pour seul bagage
J’en ai versé sur mon passage
Les gens bien m’ont arraisonné
Dans la nuit le cafard clapote
C’est le mitard qui me grignote
Ici l’ombre je paie la note
Entre six murs je suis cerné

Le temps c’est ni fait ni à faire
Une heure un an la belle affaire
On n’a pas l’âge des artères
Lorsque le sang reste figé
Le cœur inutile se vide
Le corps oublie d’être valide
La peau n’espère que des rides
Le miroir est un étranger
Au début j’avais des visites
L’amour sans amour ça va vite
On s’accroche un peu on hésite

Et puis la vie fait son boulot
Alice ne vient plus me voir
Je ne peux pas lui en vouloir
C’est pas trois mots dans un parloir
Qui vous rendent les draps plus chauds

Croyez pas qu’on décalamine
Comme un moteur un cœur en ruines
Et puis qu’on le repasse aux mines
Avec le compteur à zéro
Quand on a laissé sur la route
Quelques blessés leur mal s’ajoute
Leur peine suinte goûte à goûte
À leurs veines pas de garrot
Un jour on poussera la lourde
Je traînerai mes ailes gourdes
D’aigle déchu dans la rue sourde
Plombé d’un fardeau de remords
Je saurai pas purger leur peine
Lorsque j’aurai purgé la mienne
On peut pas faire la moyenne
Mauvaise graine et arbre mort

Voir par la fenêtre d’Alice
Sa silhouette qui se glisse
Guetter le sublime supplice
Où la lampe tremble et s’éteint
En veille sans plus rien attendre
De la vie que cette heure tendre
Où le soleil viendra surprendre
Ses rideaux au petit matin

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