Paroles de la chanson La vieille Marie par Julos Beaucarné

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Paroles de la chanson La vieille Marie par Julos Beaucarné

Il fait du vent sur une route
Et ce soir la lune est au ciel
Toute d'argent resplendissant
Comme un soir au pays d'Ambert
L'air sent la fougère et le foin
Demain c'est dimanche, la fête
Avec les garçons d'autrefois
Traînant les sapins frais coupés
Je reviens par la route blanche
On danse déjà dans l'auberge
Et que ce vent portait d'espoir
Les lunes passent, les années
Gaspard et tous sont morts

La vieille Marie contait et contait
Assise dos rond près de la fenêtre
Il pleuvait sur Goure et l'oiseau du hêtre
En çà du verger plein d'ombre, chantait

Les crimes des bois et ceux des domaines
Et toutes les peurs et tous les secrets
Ceux des pierres-fées et ceux des fontaines
Les farces du bal et des cabarets

La cloche d'Ambert battait sur les chênes
La vielle tintait aux prés du Chambon
Vide la chopine et taille au jambon

La boule en volant fait voler des quilles
Ces bourrées, les soirs, pour les jolies filles
Ces noces, trois jours à boire et manger

Les fêtes, les morts, les vies, tant à dire
Ceux-là qui s'aimaient, ceux-là qui partirent
Et tant à songer, et tant à songer

La maison, le frêne pleureur
Le puits-fontaine, ils sont là-bas
Avec tant de sombres matins
Tant de bises, tant de brouillard
Au bord de ce bois qui bleuit
Sous le vent poussant le nuage
Et si loin derrière les pays
Et les jours, et plus que cela
Mais notre sang est fort, ce sang
Pour toujours est de la montagne
Il la porte, la roule en lui
La nuit quand tout dort, elle parle
Je vois Fournol en rêve

La vieille Marie contait et contait
Quand le temps est bas, que les bois des rampes
Houlent à long bruit sur le Mont Raudet
Tends le rideau rouge, allume la lampe
Et serrez-vous tous devant les landiers

Il va reneiger cette nuit, sans faute
Ces montagnes sont si sombres et si hautes
Et les chaumes gris, si seuls à mi-côte
Comme dans le temps, temps des margandiers

Mais ici, le feu peint d'or un visage
Entre le lit-coffre et l'horloge à poids
Une ombre qui bouge aux cloisons de bois
Semble revenir de ces anciens âges

Maintenant le coeur bat étrangement
Parti dans le vent derrière ces dires
D'amitié, de peur, d'un autre tourment
Et pour n'y céder, alors il faut rire
Et pour n'y céder, alors il faut rire

Il fait du vent, et dans ce vent
Je veux partir, aller encore
Là-bas où je retrouverai
Le grand matin d'herbes et d'oiseaux
Là-bas où, luisant et tonnant
L'eau s'écroule au flanc de la roche
Où l'espace vous vient dessus
D'un coup, dans le large de l'aube
Où la liberté, l'amitié
Font lueurs dans les yeux des hommes
Là-bas, où boire sous les pins
Le vin d'endurance et de force
Au pays, en Auvergne

La vieille Marie contait et contait
Tout revient en tête, ainsi que c'était
Pour le nom d'un bourg, toute cette Auvergne
Et le feu grondait et le vent chantait

Il me semble ouïr, au pré sous le vergne
Crier Béquebois, le père pivert
Et sentir un goût amèrement vert
De menthe et de terre au pâtis d'automne

Alors, où la tour fait face au levant
Dans le val perdu sous les branches d'ombre
Je vois se former au fond de ce vent
Un visage clair et de beaux yeux sombres
Un visage clair et de beaux yeux sombres

Et comme l'oeil suit à bout d'horizon
Quelque songe errant, aux nues entraîné
Le coeur va chercher, loin dans les années
Sur le vieux pays, sa grande chanson

Le coeur va chercher, loin dans les années
Sur le vieux pays, sa grande chanson

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