Paroles de la chanson Torina par Lupo

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Paroles de la chanson Torina par Lupo

J'ai connu un vieil homme qui vécut autrefois, par-delà la colline.
Là, d’où l’on ne revenait pas, où les vents assassinent, où des cerbères sont rois. Orphelins enragés
et rôdeurs y font crime, ce pays interdit dont on ne parlait pas, dans nos cités sublimes.
Une nuit de pluie brune, je le vis la première fois, à la taverne sombre. Il buvait en silence, planqué
dans sa parka, leur bouillon de colombes. Que faisait-il ici ? Était-il de passage ? Les braves gens
chuchotaient lorsqu'il quitta sa table.
«Êtes-vous du coin un vieil homme ?»
J'avais lâché ces mots sans pouvoir les retenir, alors son corps se figeait. Dans ses yeux inquiétant,
je décelais un sourire.
«Je m'appelle Torina, Torina Mélérine, je viens de Sokaya, je cherche du travail et pour cette nuit un
toit».
Ma main lui fit un signe, «venez chez moi !».
Assis dans ma cabane, je lui dis : "Mélérine, Sokaya est une ville interdite ! ».
Il riait aux éclats et me parlait de lui et de ses onze mois de fuite. Évitant les milices, se cachant
comme un rat, m’expliquant que l'empire se moquait bien de moi.
La rumeur méthodique, le règne de l'entre-soi, qu'il existe un pays où les hommes vivent sans roi.
Au matin, un lit vide et une lettre posée, dans laquelle il m'explique, qu'il part éliminer le poison de
nos mondes.
«Si j’ai fui tout ce temps, c'est pour vous libérer, alors, pars au-delà de ces barrières dressées, de
cette foutue tombe».
J'ai pris quelques vêtements et des pièces anthracites, ma peur et mon courage. Direction l’inconnu
et cette terre interdite, qu'avait banni les sages.
Quelques nuits à marcher le long de mes souvenirs, traversant les chemins de la curiosité, jusqu'aux
portes de l’avenir.
Rien n’était effrayant, des enfants nus chantaient, dans des cahutes en bois, on pouvait respirer ces
repas qu'on partage.
Là, des hommes riaient, assis au bord d’un feu et des femmes aux pieds nus et à l'oeil malicieux,
dansaient comme des messages.
Je ne revis jamais Torina Mélérine, mais je ne pus l’oublier. J’ai vécu presque un siècle derrière
cette colline, dans une douce gaité. Je ne cesserai de penser à l'ami de passage, était-il réel ou
l’avais-je rêvé ?
Un ange et son présage.
Il m'avait libéré !
Elle existe cette terre ou pousse la liberté !
Elle existe cette terre ou pousse la liberté.

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