Paroles de la chanson Réquisitoire contre Charles Dumont par Pierre Desproges
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Paroles de la chanson Réquisitoire contre Charles Dumont par Pierre Desproges
Réquisitoire contre Charles Dumont
18 octobre 1982
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Tourangelles, tour Josiane, tour Colette, tour Lulu, tour de taille,
Mon cher Massif central entre le bœuf et l'âne gris,
Mon avocaillon rikiki de type ibérique,
Maître ou ne pas mettre,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Bonjour ma colère, salut ma hargne, et mon courroux...
18 octobre 1982
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Tourangelles, tour Josiane, tour Colette, tour Lulu, tour de taille,
Mon cher Massif central entre le bœuf et l'âne gris,
Mon avocaillon rikiki de type ibérique,
Maître ou ne pas mettre,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Bonjour ma colère, salut ma hargne, et mon courroux...
Coucou.
En ce jour du Seigneur, mes bien chers frères, soixante-quinzième jour avant Noël et dernier jour des soldes fantastiques à Mondial-Roquette, le plus grand soldeur de roquettes, la pensée de Dieu ne doit pas nous quitter. L'extrême indigence de la cinémathèque pornographique de Tours, mes bien chers frères, m'a contraint, pour tuer le temps, à aller aujourd'hui à la messe pour y chercher la paix de l'âme et la sérénité avant de requérir contre le sympathique cataplasme cardio-vasculaire ici présent. Hélas ! dans la fraîcheur ouatée de la cathédrale Saint-Royer de Tours, Dieu ne m'est pas apparu parmi la cohorte bigoteuse des batraciennes et des batraciens de bénitiers qui éructaient sans y croire les psaumes arides de leur foi moribonde avant de retourner se vautrer devant L'École des fans pour oublier les enfants du tiers-monde. Alors j'ai pensé que Dieu était mort, ou qu'il avait baissé les bras, et je me suis dit que si j'étais Lui, ça ne se passerait pas comme ça.
En ce jour du Seigneur, mes bien chers frères, soixante-quinzième jour avant Noël et dernier jour des soldes fantastiques à Mondial-Roquette, le plus grand soldeur de roquettes, la pensée de Dieu ne doit pas nous quitter. L'extrême indigence de la cinémathèque pornographique de Tours, mes bien chers frères, m'a contraint, pour tuer le temps, à aller aujourd'hui à la messe pour y chercher la paix de l'âme et la sérénité avant de requérir contre le sympathique cataplasme cardio-vasculaire ici présent. Hélas ! dans la fraîcheur ouatée de la cathédrale Saint-Royer de Tours, Dieu ne m'est pas apparu parmi la cohorte bigoteuse des batraciennes et des batraciens de bénitiers qui éructaient sans y croire les psaumes arides de leur foi moribonde avant de retourner se vautrer devant L'École des fans pour oublier les enfants du tiers-monde. Alors j'ai pensé que Dieu était mort, ou qu'il avait baissé les bras, et je me suis dit que si j'étais Lui, ça ne se passerait pas comme ça.
Oh non, si j'étais Dieu, je me tripote, ça ne se passerait pas comme ça, nom de moi de bordel de moi ! D'abord, je me demande si je créerais le Ciel, la Terre et les étoiles. Le Ciel et les étoiles, je ne dis pas. Mais créer la Terre, je vous le demande, est-ce bien raisonnable ? D'un autre côté, si je ne créais pas la Terre, quelle serait ma raison d'être ? À quoi me serviraient alors mon incommensurable puissance et mon exquise bonté dont les deux Testaments et les quatre Évangiles relatent par le menu les surprenantes manifestations, depuis l'affaire de la golden maudite, jusqu'à la Résurrection de mon Fils sans cryogénisation (il faut le faire), sans oublier bien sûr la surprenante guérison, l'été dernier, de monsieur Jean Legrubier, de Nantes (44), qui fut définitivement débarrassé de son hémiplégie le jour où il se fracassa le crâne en glssant dans la grotte de Lourdes.
Je devrais donc me résoudre à créer la Terre, c'est-à- dire les hommes, les forêts immenses et les fleuves profonds, la gazelle gracile au souffle court, et les magnétoscopes portables avec ralenti et arrêt sur l'image sans lesquels, mes bien chers frères, il est humainement impossible de suivre correctement le Mundial ou le cul de Carole Laure en furtif entrechat.
Une chose est certaine. Si j'étais Dieu et si je devais créer la Terre, je m'y prendrais tout autrement. J'abolirais la mort et Tïno Rossi. Que l'on ne me demande pas pourquoi j'abolirais Tino Rossi plutôt que Charles Dumont. Il s'agit de ma part d'une réaction purement instinctive. Elle n'engage que moi et ne saurait en aucun cas jeter le discrédit sur cet immense artiste dont la sirupeuse gluance roucoulophonique ne connut jamais la moindre trêve, pas même au cœur des années sombres où le juif et l'Anglais commençaient à menacer l'amitié franco-allemande.
En ce qui concerne l'abolition de la mort, elle m'apparaît à l'évidence comme une réforme de première urgence, dans la mesure où la plupart des humains renâclent farouchement à la seule idée de quitter ce bas monde, quel que soit le prix du kilo de poireaux et l'imminence de la Troisième Guerre mondiale. Ils veulent vivre, même quand leur femme les trompe à l'extérieur et que les métastases les bouffent de l'intérieur. J'irai même jusqu'à dire que c'est sa mortalité qui constitue la grande faiblesse du genre humain. Un beau jour, on entame une partie de pétanque avec les copains, sous les platanes bruissant d'étourneaux, l'air sent l'herbe chaude et l'anis, et les enfants jouent nus, et la nuit sera gaie, avec de l'amour et des guitares, et puis voici que tu te baisses pour ajuster ton tir, et clac, cette artère à la con te pète sous la tempe, et tu meurs en bermuda. Et c'est là, mon frère, que je pose la question : à qui est le point ?
« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé », disait le tourmenté Lamartine, qui mourut fort âgé, après avoir vécu dans une effroyable hantise de la mort qui ne le quittait que sur les lacs crépusculaires où il aimait à s'isoler pour tripoter les genoux des tuberculeuses. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, misérables cloportes indignes de moi. Si j'étais Dieu, je n'abolirais pas la mort pour tout le monde. Faut pas prendre Dieu que pour un con. En effet il me plaît de penser qu'il me serait infiniment agréable de conserver le statut de mortel aux bigots de toutes les chapelles, aux militaires de carrière, aux militants hitléro-marxistes, aux lâcheurs de chiens du mois d'août, aux porteurs de gourmette (ça, je supporte pas) et aux descendants de Tino Rossi dont rien ne permet de penser qu'ils hériteront de leur géniteur le moindre talent roucoulophonique, mais enfin, on ne sait jamais.
Enfin si j'étais Dieu, mes bien chers frères, je vous ferais croire que j'existe. Et j'y arriverais, tonnerre de moi, par le biais de maintes manifestations époustouflantes de ma grandiose omniprésence. Par exemple, je transformerais Régis Debray en bitte d'amarrage, pour qu'on s'assoie dessus une bonne fois ! Ou alors je m'immiscerais épisodiquement au cœur des conflits armés où j'adoucirais la mâle sauvagerie des corps-à- corps en transformant soudain les baïonnettes en pieds de rhubarbe ! Car la teneur en vitamine C et B1 de la rhubarbe n'est plus à vanter, alors que la baïonnette, salopards galonnés, ne contient que du fer ! Si j'étais Dieu, j'apaiserais les souffrances humaines à tout bout de champ, rien que pour faire mon intéressant, je rendrais la vue au paralytique ! Je rendrais ses jambes au non-entendant ! Je rendrais sa césarienne à Romulus, et à Raimu ce qui appartient à César. Alors les peuples subjugués se frapperont le poitrail en psalmodiant mon nom béni. Même les athées congénitaux rentreront au bercail de ma Sainte Église le jour où, dans un éclat strident de ma divine lumière, je leur donnerai des muscles en trente jours, chez eux, sans vraiment se fatiguer, grâce au vibro-mon-frère à piles longue durée. Pour les aider à vivre heureux en attendant la mort, je leur apprendrai à danser le tango, je réduirai leur semaine de travail à trente-neuf heures, pour qu'ils aient tout le temps de jouir des embouteillages et de leur cancer du poumon. Je leur ferai gonfler les seins à la graisse de phoque, je les ferai maigrir sans régime, je vaincrai leur timidité en douze mensualités de soixante-dix-neuf francs seulement, je leur ferai rencontrer l'âme sœur, même goût, même idéal, mêmes espérances, mêmes varices !
Enfin, si j'étais Dieu je n'enverrais pas mon Fils sur Terre pour racheter les péchés du monde. J'y enverrais de préférence mon beau-frère Léon, qui est laid, chafouin, footballeur, socialiste et qui cache assez mal, sous des dehors de sous-doué rural, une âme de rustre agricole.
Sic transit gloria mundi. Amen.
Charles Dumont : Un des nombreux chanteurs découverts par Piaf sous un drap.
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