Paroles de la chanson Réquisitoire contre Djamel Allam par Pierre Desproges
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Paroles de la chanson Réquisitoire contre Djamel Allam par Pierre Desproges
Réquisitoire contre Djamel Allam
19 mai 1981
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Camarades, camarades,
Mon président mon chien,
Mon ténor du fado,
Monsieur le roucouleur maghrébin bien parisien, Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Que la cour, dans son infinie bonté, veuille bien m'autoriser à commencer ce réquisitoire par une humble requête : je demande solennellement au futur ministre de la Justice, qui remplacera bientôt l'actuelle gargouille maxi feuillue, qu'il édicté enfin une loi saine et juste en ce qui concerne les justiciables émigrés. N'est-il pas aberrant, en effet, qu'en 1981, après tant et tant d'efforts consentis pour que notre justice soit ce qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire véritablement juste, humaine et équitable, n'est-il pas aberrant, dis-je, que nous continuions à dilapider l'argent du contribuable et à perdre notre temps en jugeant des accusés de type nord-africain avant de leur couper une tête, qui, de toute façon, ne nous revient pas !
19 mai 1981
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Camarades, camarades,
Mon président mon chien,
Mon ténor du fado,
Monsieur le roucouleur maghrébin bien parisien, Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Que la cour, dans son infinie bonté, veuille bien m'autoriser à commencer ce réquisitoire par une humble requête : je demande solennellement au futur ministre de la Justice, qui remplacera bientôt l'actuelle gargouille maxi feuillue, qu'il édicté enfin une loi saine et juste en ce qui concerne les justiciables émigrés. N'est-il pas aberrant, en effet, qu'en 1981, après tant et tant d'efforts consentis pour que notre justice soit ce qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire véritablement juste, humaine et équitable, n'est-il pas aberrant, dis-je, que nous continuions à dilapider l'argent du contribuable et à perdre notre temps en jugeant des accusés de type nord-africain avant de leur couper une tête, qui, de toute façon, ne nous revient pas !
Croyez-vous, monsieur le nouveau garde des pots de chambre, que vos magistrats n'ont rien d'autre à faire qu'à se pencher sur les djellabas sanglantes des fellaghas communistes de gauche antipapistes, qui mettent du charbon dans les baignoires Ali Jacob et Ben Delafon? Ces somptueuses baignoires vide-poches que leur installe généreusement la France éternelle dans ses somptueux Ach Ellem de Sââârcelles ?
Combien de réceptions officielles, combien de sympathiques cérémonies commémoratives ne manqué-je point chaque semaine, parce qu'il me faut aller aux putes... au plutôt... au plus tôt au tribunal. Alors que l'avocaillon fluet de type ibérique qui me fait face n'a pas ces problèmes, lui ! Il lui suffit de tirer son coup... son coupable des griffes de la justice, en faisant jouer la sacro-sainte solidarité porto-maghrébine des banlieues rouges ! Mesdames et messieurs les jurés, je vous épargnerai la liste des remises de décorations auxquelles je n'ai hélas pas pu assister depuis l'année dernière, parce que je devais pointer ici tous les jours pour délirer dans la flagrance sous la haute autorité du Massif central ici présent.
Par exemple, c'est par pur hasard, en lisant le numéro de mai du mensuel L'Information du spectacle, que j'ai appris que madame Chantai Goya venait d'être nommée chevalier des arts et lettres. Et Chirac ne m'a même pas invité, tellement il sait que je suis débordé à cause des chanteurs kabyles à tronçonner (je ne sais plus si c'était Chirac ou Danièle Gilbert, en tout cas, c'était un responsable de l'opposition qui organisait cette fête). Chevalier des arts et lettres, Bécassine ! Quel beau pays que le nôtre, quel glorieux apport au génie occidental que cette distinction qui met la culture française à sa vraie place, celle qu'on est prié de laisser aussi propre qu'on l'a trouvée en entrant.
Ce n'est pas vous, Djamel Allam, qui auriez chanté Ben Guignol ou Ali Becassin' pour rehausser le niveau de la culture algérienne. Vous, ce qui vous intéresse, c'est le porno : je rappelle à la cour que Djamel Allam se vante d'avoir écrit une chanson qui s'appelle « Gâte-la tôt ». Que vous fassiez ça le matin, monsieur Allam, c'est votre problème. Mais c'est passer les bornes du bon goût qu'exhiber ainsi au tout-venant vos frénésies sexuelles insomniaques. Est-ce que je chante « Gâte-la tard », moi, sous prétexte que je fais ça la nuit ? Est-ce que maître Rego chante « Gâte-la vite » sous prétexte qu'il ne tient pas la distance ? Sa femme l'appelle le TGV : le temps qu'elle éteigne la lumière, il est déjà arrivé à Lyon. Et quand le TGV ira jusqu'à Marseille, elle aura pas fini d'ôter sa culotte qu'il sera déjà en train de décharger sur le Vieux Port.
Si vous voulez vraiment vider quelque chose dès l'aube, monsieur Allam, faites donc comme vos coreligionnaires : videz nos poubelles ! On ne vous reprochera jamais dans ce cas-là votre kabylicitude berbérophile. Vous avez déjà vu un flic demander ses papiers à un Arabe derrière une benne à ordures ? Non, bon. Surtout maintenant que les flics sont de gauche, ça ne peut plus se produire !
La France a toujours su tendre la main à ses frères inférieurs, après avoir mis des gants, évidemment, parce que, enfin, ce n'est pas pour dénigrer une certaine catégorie de personnel, mais le fait est qu'un éboueur nord-africain sent nettement moins bon qu'un mannequin suédois. C'est vrai. Faites vous-même l'expérience. Les mains d'un éboueur moyen après son travail empestent la vieille raclure de poireau. Alors que les mains d'un mannequin après son travail sentent le genou de PDG, c'est quand même autre chose.
Enfin, Mitterrand a gagné, tout ça va changer ! Ça faisait un demi-siècle qu'il attendait cela, le bougre ! Comment lui en vouloir ? Toute sa vie, il n'a rêvé que de cela. Tout petit déjà, à l'école des jésuites de Saint- Focu-sur-la-Commode, il se déguisait en roi de France, avec une couronne sur la tête, et une plume... La plumé, il n'a jamais pu l'arracher, c'est pourquoi d'ailleurs, vous l'avez tous remarqué, les seules fois que Mitterrand se laisse filmer ou photographier de dos, c'est quand il a son manteau en poil de chameau, pour qu'on ne voie pas la plume... Alors, je vous le demande, Françaises, Français, comment en vouloir à cet homme qui a tant gesticulé de droite et de gauche au cours d'une vie ô combien riche en retournements, et qui va enfin pouvoir entrer dans le troisième âge bardé de tricolore et s'asseoir sur son trône percé, pour la plume ? Comment en vouloir à Mitterrand qui est de gauche depuis si longtemps maintenant qu'on ne sait même plus très bien ce qu'il faisait comme métier avant.
Personnellement, je suis de droite jusqu'au bout des ongles. Mon éducation ne m'y prédisposait qu'à moitié, mais c'est dans mes gènes. J'ai pleinement conscience de n'appartenir à aucune élite, sauf quand je passe devant un militaire, pourtant mon individualisme hystérique me fait repousser instinctivement les groupes de plus d'une personne et m'interdit de partager d'autres idées généreuses que les miennes.
Je suis de droite et je m'en vante maintenant, parce que c'est extrêmement chic, pour un artiste, d'être dans l'opposition ! Non seulement c'est chic, mais c'est indispensable. Un artiste se doit d'être écorché vif, insatisfait, dérangé et dérangeant ! Bien assis dans la majorité, loin des chemins des colères salutaires, l'artiste s'étiole et se fane. C'est pourquoi il n'y a pas plus de souffle lyrique dans un cri de Danièle Gilbert sous Giscard que dans une toile d'un peintre officiel soviétique sous Brejnev ! Bientôt, quand Maurice Séveno animera Midi Première, ce n'est plus Mireille Mathieu qu'on y verra, c'est Djamel Allam, Yves Béranger et Renaud qui chanteront à leur tour la joie de vivre, youkaïdi, youkaïda, tandis que le président Villers animera les petits Noëls de l'Élysée avec Gros Nounours et le président. La roue tourne !
Elle tourne vite d'ailleurs, et je pense que ce serait une assez bonne idée de couper la tête de Djamel Allam dans les plus brefs délais, car le temps qui reste imparti à la guillotine et à Peyrefitte me semble toucher à sa fin.
Djamel Allam: L'un des pionniers d'une longue caravane de chanteurs kabyles qui savent si bien rendre la beauté tragique des sauvages Aurès et le parfum envoûtant des citronniers en fleur. Cela dit, La Fille du Bédouin, ce n'était pas si mal.
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