Paroles de la chanson Réquisitoire contre Jean d'Ormesson par Pierre Desproges
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Paroles de la chanson Réquisitoire contre Jean d'Ormesson par Pierre Desproges
Réquisitoire contre Jean d'Ormesson
16 septembre 1982
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Monsieur le comte,
Monsieur le président de pacotille,
Monsieur l'avocat le plus bas d'Inter,
Ma chère petite follette,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Quand il a fini d'écrire des conneries dans le dictionnaire, à quoi sert un académicien français ? A rien. A rien du tout. Non mais, regardez-le, mesdames et messieurs les jurés ! Voyez ce triste spécimen de parasite de la société, qui trémousse sans vergogne son arrogance de nanti sur le banc vermoulu de l'infamie populaire. Voyez-le glandouiller sans honte dans ce minable tribunal de pitres grotesques à l'heure même où des millions de travailleurs de ce pays suent sang et eau dans nos usines, dans nos bureaux et même dans nos jardins, où d'humbles femmes de la terre arrachent sans gémir à la glèbe hostile les glorieuses feuilles de scarole destinées à décorer les habits verts des quarante plésiosaures grabataires qui souillent le quai Conti du chevrotement comateux de leurs pensées séniles.
16 septembre 1982
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Monsieur le comte,
Monsieur le président de pacotille,
Monsieur l'avocat le plus bas d'Inter,
Ma chère petite follette,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Quand il a fini d'écrire des conneries dans le dictionnaire, à quoi sert un académicien français ? A rien. A rien du tout. Non mais, regardez-le, mesdames et messieurs les jurés ! Voyez ce triste spécimen de parasite de la société, qui trémousse sans vergogne son arrogance de nanti sur le banc vermoulu de l'infamie populaire. Voyez-le glandouiller sans honte dans ce minable tribunal de pitres grotesques à l'heure même où des millions de travailleurs de ce pays suent sang et eau dans nos usines, dans nos bureaux et même dans nos jardins, où d'humbles femmes de la terre arrachent sans gémir à la glèbe hostile les glorieuses feuilles de scarole destinées à décorer les habits verts des quarante plésiosaures grabataires qui souillent le quai Conti du chevrotement comateux de leurs pensées séniles.
N'avez-vous pas honte, monsieur d'Ormesson, de vous commettre ainsi avec ces trente-neuf vieilles tiges creuses, rien dans la cafetière, tout dans la coupole !
N'avez-vous point honte de vous exhiber dans cet affligeant gérontodrome, vous qui êtes encore jeune et fringant, malgré les rides affreuses qui commencent à défigurer de façon dramatique votre visage naguère aristocratique ?
N'avez-vous point honte à votre âge, un grand garçon comme vous, de vous déguiser périodiquement en guignol vert pomme avec un chapeau à plumes à la con et une épée de panoplie de Zorro ? Est-il Dieu possible qu'un écrivain aussi sérieux que vous fasse partie des quarante papy-la-tremblote tout juste encore bons à réchauffer leurs os cliquetants au soleil du front de Seine en se demandant s'il y a un N ou deux à zigounette ?
N'avez-vous point honte, Jean d'Ormesson, de fricoter dans les belles lettres en compagnie de Jean Mistler, d'Henry Bordeaux, d'André Maurois ou de Jean Dutourd, autant d'écrivaillons tellement inexistants que je me demande s'il n'y en a pas déjà la moitié de morts ?
Est-il Dieu possible qu'il existe une précocité du gâtisme ? Peut-on être gâteux précoce comme on est éjaculateur mondain ? Si cela était, cette question en amènerait une autre, encore plus terrible. Et c'est à vous que je la pose, monsieur d'Ormesson : serait-il Dieu possible que des gâteux écrivent dans Le Figaro ? Je ne puis le croire !
C'est en 1635 que Richelieu-Drouot créa l'Académie française. Pourquoi ce nom d'« Académie française » ? C'est la question que tout le monde se pose, sauf maître Rego qui s'en fout du moment qu'il a pas froid aux genoux, et qu'il peut brouter tranquillement sous son pupitre la morue séchée que sa tata Rodriguez lui envoie de Lisbonne en paquet fado.
Pourquoi « Académie française » ? Eh bien, justement, pour éviter que les bougnoules étrangers ne vinssent poser leur cul basané sur les bancs des Français. Pourquoi « Académie » ? Là, c'est plus compliqué. Je vous demande à tous un effort d'attention. Vous n'allez pas être déçus.
Avant que Richelieu-Drouot ne le réquisitionnât, le magnifique bâtiment surmonté de la célèbre coupole et flanqué de deux très belles bâtisses que tout le monde connaît, ce magnifique bâtiment abritait une boulangerie. La boulangerie du maître boulanger Jean-Baptiste Quaiconti où Henri IV lui-même venait acheter ses fameuses baguettes bien cuites que son amant, Sully, lui découpait en mouillettes pour les tremper dans le bouillon de poule au pot tous les dimanches.
A cette époque, on ne faisait pas le pain comme aujourd'hui : on fabriquait la croûte d'un côté et la mie un peu plus loin. C'est pourquoi il y avait ces deux bâtisses. Les clients fortunés comme Henri IV ou Marguerite de Valois achetaient évidemment la croûte et la mie. Mais les pauvres qui, depuis le début de l'humanité, ont toujours eu des goûts simples (j'en connais qui n'ont même pas de magnétoscope !), les pauvres, dis-je, n'achetaient que la croûte. Et quand un pauvre arrivait devant la double boutique de maître Jean-Baptiste Quaiconti, il demandait : « Pardon, notre bon maître, où c'est qu'y a des croûtes ? »
Et notre brave boulanger répondait invariablement en montrant les deux portes : « C'est là qu'y a des croûtes, et c'est là qu'y a des mies », précisait-il.
Or, par un beau soir de printemps 1635, le cardinal de Richelieu, qui était de fort belle humeur (il venait de se faire amidonner la soutane par une jolie repasseuse de la rue Dauphine). Le cardinal, dis-je... (cette blanchisserie existe aujourd'hui encore, 14, rue Dauphine, vous pouvez vérifier. Elle a seulement changé de nom : elle s'appelait jadis « A la calotte qui luit » (en hommage à Richelieu, évidemment). Maintenant ça s'appelle, beaucoup plus prosaïquement, « Pressing du Sahel. Nettoyage à sec ».
Donc, Richelieu se promenait, un peu raide, au bord de la Seine lorsque son regard fut attiré par le trottoir souillé de miettes de pain à la hauteur de la boulangerie de maître Quaiconti. « Degueulassum est », dit-il en latin et en lui-même. Il fit mander dès le lendemain le boulanger et le tança d'importance pour cette dégradation de la chaussée.
« Vous pourriez faire votre pain plus loin, dit le cardinal.
Oh, ben, vous savez, moi, je fais où on me dit de faire », rétorqua cet homme.
Outré par tant d'impertinence, Richelieu ordonna qu'on lui coupât la tête (ce qui fut fait dans l'heure), puis, pris de remords, il donna au bord de Seine, à cet endroit, le nom de quai Conti.
« Monsieur le cardinal, j'aime beaucoup ce que vous faites, dit Louis XIII, qui était con comme un Bourbon, mais que va devenir cette immense boulangerie dont vous étêtâtes le chef?
Que Sa Majesté besogne en paix son Autrichienne, j'y ai songé, répondit Richelieu. Je vais tout simplement remplacer toutes ces vieilles croûtes par des vieux croûtons. »
L'Académie française était née. Puis s'avisant soudain qu'on était déjà en 1635, Richelieu et Louis XIII décidèrent qu'il était grand temps d'aller bouffer du boche s'ils ne voulaient pas que la guerre de Trente Ans se terminât sans eux.
Donc, Jean d'Ormesson, mon petit bonhomme, vous êtes coupable. La peine capitale ayant été abolie contre la volonté du peuple, par un caprice des hordes roses hystériques qui font régner leur loi laxiste dans ce pays, je demande néanmoins aux jurés un maximum de fermeté. Étant donné que l'accusé n'écrit pas avec ses pieds, je suggère qu'on lui coupe les mains.
Jean d'Ormesson : Cet écrivain Immortel et manifestement très nain a l'habitude de donner ses rendez- vous dans les escaliers de façon à surplomber ses interlocuteurs en se plaçant deux marches au-dessus d'eux.
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