Paroles de la chanson Réquisitoire contre Plastic Bertrand par Pierre Desproges
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Paroles de la chanson Réquisitoire contre Plastic Bertrand par Pierre Desproges
Réquisitoire contre Plastic Bertrand
22 septembre 1982
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Monsieur le juge de touche,
Chère Jeanne,
Maître, ou ne pas mettre,
Chers chanteurs apatrides et polyglottes,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Je dis assez !
Qu'on me dérange, qu'on ose me déranger, moi qui ai plus fait pour la procure que la Mère Denis pour la récure, moi qui ai fait condamner ici même les plus grands criminels de cette époque, pas Cresson ni Cheysson mais Tesson, d'Ormesson, moi qui ai servi sans faiblir et jusqu'au bout la plus grande découverte du génie humain depuis le préservatif à plume-au-bout du docteur Zigounet, dit le velours de l'estomac... ou le taffetas de l'utérus, ça dépend de quel côté on se place.
22 septembre 1982
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Monsieur le juge de touche,
Chère Jeanne,
Maître, ou ne pas mettre,
Chers chanteurs apatrides et polyglottes,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Je dis assez !
Qu'on me dérange, qu'on ose me déranger, moi qui ai plus fait pour la procure que la Mère Denis pour la récure, moi qui ai fait condamner ici même les plus grands criminels de cette époque, pas Cresson ni Cheysson mais Tesson, d'Ormesson, moi qui ai servi sans faiblir et jusqu'au bout la plus grande découverte du génie humain depuis le préservatif à plume-au-bout du docteur Zigounet, dit le velours de l'estomac... ou le taffetas de l'utérus, ça dépend de quel côté on se place.
Moi qui aimais tant la guillotine que je faisais tronçonner jusqu'aux bourreaux pour tuer le temps entre deux exécutions capitales. Moi qui ai toujours su faire honneur à cette robe austère de la justice sous laquelle je n'arrive pas à y croire moi-même, moi, procureur général de la République Desproges française, titulaire de la médaille du travail de cochon et de la médaille commémorative des opérations de pacification en Algérie française, moi qui suis diplômé de la faculté des sciences de Johannesburg pour ma thèse sur les conflits raciaux intitulée Les nègres, c'est comme les juifs, ça s'attrape par la mère, moi qui suis diplômé de la Royal History Society de Cambridge pour mon essai historique sur Jeanne d'Arc intitulé Where is my God (in french : où c'est que j'ai mis ma quenouille ?), moi, dis-je, moi le super-procu aux nerfs d'acier dans un gant de crin, on me dérange, on ose me déranger pour cette espèce de rigolo synthétique moulé dans son futal de clown comme un boudin antillais dans son boyau d'ornithorynque. Et qu'on ne me dise pas qu'il n'y a pas d'ornithorynque aux Antilles, ça bouge, la faune ! On a même signalé un brontosaure à Matignon. Et ce n'est pas le premier !
Non, mais qu'est-ce que vous croyez, Jean-François Polystyrène ?
Vous vous imaginez sans doute que la justice de ce pays n'a rien de mieux à faire qu'à dépenser les milliards des contribuables en épluchant le lamentable inventaire de vos chansons grotesques qui vous sert de curriculum vitae ?
Qui est-il, mesdames et messieurs les jurés, ce frémissant loukoum wallon ? « Je ne ressemble à personne », dit-il dans Paris-Match à Philippe Bouvard, le mètre étalon de l'humour parisien. Alors comme ça, Gonzague Polyester, vous ne ressemblez à personne ! Vous voulez dire que vous ne ressemblez à rien. Pas à personne.
Croyez-moi, que le duc de Bordeaux eût porté des baskets et vous fussiez son jumeau. « J'ai une place à part dans l'oreille des gens », dites-vous plus loin, toujours à l'adresse du choupinet rigolard de la rue Bayard. « Une place à part dans l'oreille » ? Cochon ! Et dans Paris-Match ! Ce doux hebdomadaire ! Paris- Match, le poids des mots-globine, le chic des photos !
Mais le comble de l'autosatisfaction dans la démesure est atteint dans le Journal du dimanche du 15 février 1981, où, toute honte bue, Jean-Edern Hydrocarbure, vous opinez benoîtement quand madame Christine Ferniot vous compare carrément au « Superman belge ».
Est-ce que quelqu'un, parmi les inévitables-z-et apathiques jurés végétatifs qui croupissent à nos pieds, est-ce que quelqu'un parmi ce public ramolli aux yeux gorgés d'insignifiance, est-ce que quelqu'un dans cette cour d'irréfutables guignols patentés, est-ce que quelqu'un a jamais eu affaire au Superman belge ? M'entendez-vous, vous, l'avocat le plus bas d'Inter ? Regardez-le, mesdames et messieurs les jurés, voyez- le brouter sans grâce le chewing-gum en boyau de morue que sa tata Rodriguez lui envoie de Lisbonne en paquet fado ! C'est vous qu'on devrait guillotiner, maître ! (Je dis maître tout court, parce que lui, c'est pas le maître étalon. D'ailleurs pour être étalon le maître suffit-il ?)
Mais le comble de l'autosatisfaction dans la démesure est atteint dans le Journal du dimanche du 15 février 1981, où, toute honte bue, Jean-Edern Hydrocarbure, vous opinez benoîtement quand madame Christine Ferniot vous compare carrément au « Superman belge ».
Est-ce que quelqu'un, parmi les inévitables-z-et apathiques jurés végétatifs qui croupissent à nos pieds, est-ce que quelqu'un parmi ce public ramolli aux yeux gorgés d'insignifiance, est-ce que quelqu'un dans cette cour d'irréfutables guignols patentés, est-ce que quelqu'un a jamais eu affaire au Superman belge ? M'entendez-vous, vous, l'avocat le plus bas d'Inter ? Regardez-le, mesdames et messieurs les jurés, voyez- le brouter sans grâce le chewing-gum en boyau de morue que sa tata Rodriguez lui envoie de Lisbonne en paquet fado ! C'est vous qu'on devrait guillotiner, maître ! (Je dis maître tout court, parce que lui, c'est pas le maître étalon. D'ailleurs pour être étalon le maître suffit-il ?)
Oui, monsieur le président, c'est à nous, la magistrature couchée, d'en finir avec cet avocaillon apatride et velu ! Car je vous le demande, en votre âme et conscience, mon président chéri, si la magistrature n'est pas couchée, comment mettre un terme au maître ?
Un soir, le Superman belge est venu prendre un pot chez moi. Il était épuisé par une rude journée d'héroïsme au service des grandes causes nationales belges. Grâce à la force invincible de ses poings d'acier, il avait, par trois fois le jour même, défendu la veuve contre l'orphelin, et assommé trois vieilles impotentes agressées par d'odieux loubards.
« Vous devez être épuisé, Superman belge, lui dis-je.
- Chut ! Taisez-vous, dit-il. J'entends une plainte. J'y vais, damned, une fois ! »
Et il s'envola sur place, défonçant ainsi le plafond de ma salle à manger auquel j'étais très attaché.
C'était sa fiancée, mademoiselle Jeanne, qui commençait à cramer dans l'ambassade de Suisse en flammes où King Kong la poursuivait, la frite sous le bras, en poussant des cris épouvantables. Au mépris des flammes qui lui léchaient la zigounette à travers sa combinaison d'acier (croyez-moi, ça fait mal), Superman belge abattit le monstre d'une manchette bien ajustée puis, après l'avoir sodomisé sobrement, il prit la jeune fille dans ses bras de fer et s'envola avec elle vers le firmament étoilé. A cinq mille mètres du sol, il croisa le Concorde et l'applaudit frénétiquement, ce qui l'obligea hélas à lâcher sa bien-aimée qui s'écrasa dans la dignité sur le palais de l'Europe à Bruxelles. Le lendemain même, le roi des Belges, ébloui par cet acte de bravoure magnifique, tint à recevoir lui-même le Superman belge pour lui décerner de ses propres mains la plus haute distinction de son pays, la Flèche wallonne. Hélas encore, Superman belge, prenant la reine Fabiola pour une dent cariée, à cause de la couronne, crut la soulager en lui arrachant la tête, ce qui n'était, il faut bien le dire, pas très protocolaire.
Et il s'envola sur place, défonçant ainsi le plafond de ma salle à manger auquel j'étais très attaché.
C'était sa fiancée, mademoiselle Jeanne, qui commençait à cramer dans l'ambassade de Suisse en flammes où King Kong la poursuivait, la frite sous le bras, en poussant des cris épouvantables. Au mépris des flammes qui lui léchaient la zigounette à travers sa combinaison d'acier (croyez-moi, ça fait mal), Superman belge abattit le monstre d'une manchette bien ajustée puis, après l'avoir sodomisé sobrement, il prit la jeune fille dans ses bras de fer et s'envola avec elle vers le firmament étoilé. A cinq mille mètres du sol, il croisa le Concorde et l'applaudit frénétiquement, ce qui l'obligea hélas à lâcher sa bien-aimée qui s'écrasa dans la dignité sur le palais de l'Europe à Bruxelles. Le lendemain même, le roi des Belges, ébloui par cet acte de bravoure magnifique, tint à recevoir lui-même le Superman belge pour lui décerner de ses propres mains la plus haute distinction de son pays, la Flèche wallonne. Hélas encore, Superman belge, prenant la reine Fabiola pour une dent cariée, à cause de la couronne, crut la soulager en lui arrachant la tête, ce qui n'était, il faut bien le dire, pas très protocolaire.
Pour en finir avec Machin... pardon, avec l'accusé, on me dit que vous chantez, jeune homme ? Est-ce bien raisonnable ? Est-ce que je chante, moi ? Non ! Est-ce que Béjart chante ? Non, il danse. Est-ce que Rego chante ? Non, il plaide ! Est-ce que Iglesias chante ? Non. Il brame.
Alors, s'il vous plaît, mon jeune ami, cessez de chanter, je vous en supplie, au nom de la France et du bon goût français. Quand on a la chance, comme vous, d'avoir à la fois une gorge profonde et une place à part dans l'oreille des gens, on peut faire tant de choses sans réveiller les voisins. Voyez le président Villers, est-ce qu'il a besoin d'un micro pour fumer la pipe ?
Mesdames et messieurs les jurés, je réclame une peine de cent vingt ans de prison ferme et insonorisée pour Wolfgang Amadeus Trichlorostyrène.
J'en ai terminé. Je laisse la parole au Mickey.
Plastic Bertrand : Chanteur ex-punk, interprète de Ça plane pour moi, il anime une émission de télé idiote sur je ne sais plus quelle chaîne de télé française. Il est vrai qu'il est belge.
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