Paroles de la chanson Réquisitoire contre Roger Carel par Pierre Desproges
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Paroles de la chanson Réquisitoire contre Roger Carel par Pierre Desproges
Réquisitoire contre Roger Carel
12 novembre 1980
Monsieur le président, Mesdames et messieurs les jurés,
Public adoré.
Que nous dit Karl Marx dans La Dame aux camélias (Die Louloute mit das Kamelia) ?
Tout d'abord, est-ce bien de Karl Marx, La Dame aux camélias ?
Et si c'est bien de Karl Marx, est-ce que ça s'appelle bien La Dame aux camélias (Die Louloute mit das Kamelia) ?
12 novembre 1980
Monsieur le président, Mesdames et messieurs les jurés,
Public adoré.
Que nous dit Karl Marx dans La Dame aux camélias (Die Louloute mit das Kamelia) ?
Tout d'abord, est-ce bien de Karl Marx, La Dame aux camélias ?
Et si c'est bien de Karl Marx, est-ce que ça s'appelle bien La Dame aux camélias (Die Louloute mit das Kamelia) ?
Ô incertitude ! Nous ne savons rien, mesdames et messieurs les jurés, pauvres fourmis misérables que nous sommes. Nous ne savons pas si Dieu nous regarde, nous ne savons pas si l'apocalypse est proche, nous ne savons même pas si c'est pas Nantes qui va gagner ce soir à Nantes contre Vierzon.
En tout cas, dans ce livre sublime, Die Louloute mit das Kamelia, l'auteur, Karl Marx ou Harpo, que sais- je, ne cessait de glorifier la nécessaire amitié franco- allemande que le misérable Carel Roger ne cesse de ridiculiser sciemment dans une débauche d'hystérie convulsive anti-germanique primaire ! « Der Tee is gut, aber meine Tasse ist zu kleine. » « L’amitié franco-allemande est le plus sûr garant de la paix en Europe », écrivait Schopenhauer. Et il ajoutait : « Kurt ist ein Kind und raus und verboten Choukroutte garnie. Warum ? » (c'est-à-dire « Vive de Gaulle »). Et encore : « Und meine prout-prout ist poulette ? » (« Et mon cul, c'est du poulet ? »)
En tout cas, dans ce livre sublime, Die Louloute mit das Kamelia, l'auteur, Karl Marx ou Harpo, que sais- je, ne cessait de glorifier la nécessaire amitié franco- allemande que le misérable Carel Roger ne cesse de ridiculiser sciemment dans une débauche d'hystérie convulsive anti-germanique primaire ! « Der Tee is gut, aber meine Tasse ist zu kleine. » « L’amitié franco-allemande est le plus sûr garant de la paix en Europe », écrivait Schopenhauer. Et il ajoutait : « Kurt ist ein Kind und raus und verboten Choukroutte garnie. Warum ? » (c'est-à-dire « Vive de Gaulle »). Et encore : « Und meine prout-prout ist poulette ? » (« Et mon cul, c'est du poulet ? »)
Depuis cette époque, hélas, les ennemis viscéraux de l'amitié franco-germanique se sont déchaînés sans répit contre l'idée d'une grande Europe qui irait de Berlin à Perpignan et de Bonn à Nice, tandis qu'au sud de la Loire, après dissipation des brumes matinales, les éclaircies domineront sur l'ensemble de nos régions. Voici quelques températures relevées sous abri ce matin à 5 heures... Cinq degrés à Paris, six degrés à Rouen. À Nantes, Verzon bat Nantes 3 à 0.
Donc, c'est clair, Roger Carel est coupable. Tout petit déjà, mesdames et messieurs les jurés, cet homme cherchait à nuire à l'amitié franco-allemande. Lors de la signature de l'armistice solennel de 1918, Roger Carel, qui avait à peine 35 ans, avait eu l'immense honneur d'être choisi pour servir d'interprète entre les représentants des vainqueurs et les représentants des vaincus, car il était alors estafette bilingue... bilingue dans le train. Or au moment de la signature proprement dite, qui eut lieu, on s'en souvient, dans le fameux wagon du train Corail le Capitole Brest- Béziers, l'atmosphère était chargée.
Face aux plénipotentiaires allemands (l'Oberstrumbann Fiihrer Manzani et l'Oberstrumbann boum boum Fiihrer Buitoni), les généraux français ne pouvaient contenir une légitime fierté. Et on les comprend. C'était une magnifique victoire avec du sang plein les rivières et pratiquement autant de morts des deux côtés : le pied !
Bref, ils étaient là, face à face, ennemis d'hier, copains de casino demain, collabos après-demain, et l'atmosphère était tendue. Cette victoire, les vaincus l'avaient à cúur, et les vainqueurs l'avaient dans l'cul.
L'atmosphère était tendue, certes, mais jusque-là pas vraiment désastreuse, car on était finalement entre gens du même milieu qui partagent traditionnellement, de siècle en siècle, le même goût pour la musique de chambre, le Champagne et les concours d'équitation internationaux. « La guerre, ne l'oublions pas, la guerre est faite par des gens qui ne se connaissent pas et qui s'entre-tuent, pour le compte de gens qui se connaissent mais qui ne s'entre-tuent pas. »
Donc, l'atmosphère était tendue. L'accusé Carel ici présent, qui avait à peine 55 ans et qui assistait à cette dramatique entrevue, aurait pu détendre facilement l'atmosphère, grâce à sa paire de langues. Mais il n'en fit rien : l'officier prussien vaincu s'approcha des représentants de la France, le colonel de la Boucherie et le général Sus-mes-Preux, et dit : « Guten Abend meine Herren. » « Tu vas voir ta gueule en 40, eh, patate », traduisit Roger Carel. Quelle ambiance ! ! !
Par la suite Roger Carel s'est quelque peu amendé. Persévérant dans le bilinguisme, c'est lui qui double généralement de sa belle voix chaude les nageuses est-allemands aux championnats d'Europe. Et c'est lui également qui faisait de Gaulle dans la version allemande de l'appel du 18 juin à laquelle maître Rego faisait allusion l'autre jour. « Ach ! So ! La Vrance a berdu une bataille, elle n'a bas berdu la guerre ! »
Je demande à l'encontre de Roger Carel une peine de vingt ans de prison militaire, avec obligation de perfectionner son accent russe afin qu'il puisse faire la voix de Brejnev au journal de Gicquel quand les Soviétiques auront gagné la Troisième Guerre mondiale.
Roger Carel : Ce comédien de théâtre a donné sa voix à tellement de personnages de dessins animés qu'il peut se mettre cinquante noisettes dans la bouche sans les avaler et grimper à toute vitesse en haut d'un arbre en remuant sa queue touffue.
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